La start-up Crymirotech s’attaque aux plastiques complexes non recyclés

18 mars 2024

La greentech spécialiste du recyclage chimique veut être un des pionniers du recyclage des plastiques complexes grâce à sa technologie de dépolymérisation ionique. Elle a déjà lancé la construction d’un premier démonstrateur semi-industriel dans les Hauts-de-France.

En France, encore 99% des plastiques sont recyclés par voie mécanique. Cette technologie consiste à trier, broyer, laver et extruder les plastiques, puis de les réintroduire dans un cycle de production. Cette technologie mature a l’avantage d’être relativement économique, pour un taux de rendement de recyclage compris entre 70 et 80% selon les intrants. Elle a toutefois ses limites. Elle produit des matériaux de moindre qualité que les matériaux initiaux, et n’éliminent pas les polluants éventuels (NIAS, Non-intentionally added substances). Surtout, elle ne permet pas de recycler tous les types de plastiques, notamment les plus complexes. Si bien qu’une partie de ces matériaux sont incinérés.

Les technologies de recyclage chimique sont ainsi apparues ces dernières années comme une solution pour ces matériaux. Par pyrolyse, par hydrolyse, par gazéification ou enzymatiques, les technologies de recyclage chimique permettent de « transformer » les plastiques de façon à produire des monomères. Ces monomères peuvent ensuite être à nouveau utilisés par les industriels, et ainsi faciliter l’utilisation de plastiques en circuit fermé. La start-up Crymirotech fait partie de ces acteurs. La jeune pouce créée en 2019 a développé un catalyseur sous forme de liquides ioniques qui permet de « dépolymériser » les plastiques les plus complexes en une seule étape process.

Des algues aux polymères

De manière surprenante, c’est au sein d’EADS Innovation Works, ex-département d’Airbus Group que le fondateur de la start-up a fait ses armes. « À l’époque, je travaillais sur la production de bio-jet fuel à partir d’algues. Je me suis aperçu qu’il fallait cultiver de très grandes surfaces pour réussir à produire des quantités suffisantes de carburant. Mais j’ai pu développer une compétence dans la production de molécules, que j’ai cherché à appliquer à d’autres secteurs », explique Maxime Lépinay. Le secteur des déchets s’avère un candidat logique, puisque ses acteurs ne savent pas recycler certains plastiques complexes à des coûts maîtrisés. 

L’ingénieur adapte ainsi son propre procédé à ce nouveau secteur, afin de mettre au point une solution ionique capable de casser n’importe quelles chaînes de polymères. En fonction des formulations, les catalyseurs de Crymirotech peuvent ainsi recycler aussi bien des plastiques thermodurcissables, des mousses, des résines, des déchets multi-couches que des additifs. Les produits finaux sont des monomères, comme l’éthylène, le propylène, le styrène…ce retour à la brique initiale permet potentiellement aux industriels de ré-introduire des matières premières primaires recyclées dans un cycle de production en boucle fermée. En prime, le coût énergétique du procédé est limité. « La production de plastiques à partir de monomères obtenus via notre solution de recyclage est jusqu’à 65% plus économe en énergie que la production classique » souligne Maxime Lépinay. De plus, le procédé permet d’économiser environ 2 tonnes d’eau par tonne de monomère produites, et les solvants utilisés peuvent être récupérés à l’issue de l’opération.

Une ligne pilote semi-industrielle pour 2024

La start-up souhaite proposer une technologie complémentaire à celle du recyclage mécanique, notamment pour permettre de recycler les plastiques encore exclus des filières actuelles. « Nous allons travailler sur les  »refus de tri », comme les plastiques multi-couches », explique Maxime Lépinay. Cette technologie et ce positionnement ont attiré l’attention de fonds spécialisés sur le climat. Ainsi, en 2023 Crymirotech lève 300 000 euros auprès de Team for the Planet afin de continuer à développer sa technologie. Actuellement la technologie de recyclage ionique est à un TRL de 7, proche du stade industriel, grâce à la construction d’une première ligne semi-industrielle qui sera opérationnelle cette année. Une première étape, vers l’installation par la suite d’une ligne industrielle exploitée en propre en 2027. Avec pour objectif entre 5 000 et 10 000 tonnes de plastiques recyclées par an. D’ici là, la start-up compte installer des unités plus compactes et modulaires à destination des sites de traitement de déchets. Une deuxième levée de fonds cette année doit permettre d’avancer vers cette étape.

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